lundi 8 février 2016

Starbucks/Arabie Saoudite : le mur de la discorde

                          


Prêt à tout pour le bénéfice, la chaîne de café/restaurant Starbucks ne recule devant rien. Installé à Riyad, le café refuse de recevoir de femmes pour une raison aussi banale qu'ironique: l'absence de mur de séparation entre hommes et femmes.


Une femme outrée a publié le message affiché par la chaîne leur demandant d'envoyer leur chauffeur prendre la commande. Pour rappel, le chauffeur est aussi un élément obligatoire dans cette région, où les femmes n'ont pas le droit de conduire!


Le café s'est vu imposé cette nouvelle directive par la police religieuse saoudienne, lors d'une inspection. Le mur de la discorde n'est pourtant pas anodin en Arabie Saoudite, il est même obligatoire. Tout café, restaurant ou encore magasin doit avoir un mur de séparation des sexes.


La chaîne de café dit adhérer aux coutumes locales, sans se soucier par ailleurs des droits des femmes. Afin de calmer le buzz négatif, l'entreprise a communiqué sur une sorte de cloison qui serait actuellement en rénovation.
Parallèlement, bon nombre de sites et de pétitions font appel au boycott de la chaîne partout dans le monde.


http://boycottstarbucks.wesign.it/fr 

we sign it - N'entrons plus chez Starbuck Coffee !

lundi 7 décembre 2015

L’héritage des filles, la Moudawana et le droit positif


Encore aujourd’hui, bon nombre de ventes de biens immobiliers hérités par des filles et leur parentèle très étendues d’héritiers mâles par les mâles,  sont réalisées. Le prix de la vente ne monte généralement pas très haut, puisque souvent les héritiers n’ont comme quote-part qu’une  somme  dérisoire. Les lointains « héritiers » mâles, de différents milieux sociaux, justifient leur acte par  la sacralité des règles de succession !


            Ces règles ancestrales motivées par le souci de  cohésion  familiale ont aujourd’hui pour résultat l’effet inverse… 


La législation marocaine en matière d’héritage est conforme au droit musulman malékite en vertu duquel la fille hérite la moitié de la part de son frère. Si par malheur cette fille n’a pas ce  frère privilégié, elle viendra en concurrence dans la dévolution successorale de son père avec ses oncles paternels ou plus largement les héritiers mâles parents par les mâles.  


Si la remise en cause des règles de dévolution successorales et leur sacralité commence à se faire entendre, elle se fait, cependant, timidement.  « Mon expérience personnelle sur une période de plus de vingt années est de constater l’émergence  d’une volonté de renforcer la cellule familiale ainsi que l’abandon  du comportement fataliste  face au statut de la fille  en matière de succession », explique un notaire, spécialisé dans l’héritage des femmes. S’il  a, à présent, la possibilité de contacter un notaire, notamment en matière d’acquisition immobilière, bon nombre consultent l’adoul, fidèle aux préceptes religieux.  A la différence de ce dernier, le notaire  contribue à l’éveil des mentalités en invoquant et en explicitant que ces règles pénalisantes pour les filles ne sont pas  immuables et que  du vivant des parents une réorganisation est envisageable.


            « De nombreuses fois j’ai assisté avec satisfaction au soulagement des parents soucieux de protéger leur fille, grâce aux  éclaircissements apportés  et  à la présentation de solutions appropriés pour sauvegarder le patrimoine familial, des ingérences extérieures ou tout simplement assurer l’égalité des parts entre frère et sœur », poursuit la même source. Cette démarche n’a pas toujours  été évidente. Malgré les siècles de mentalités pesantes, la question devient plus aisée grâce à la promulgation récente du Dahir  du  22 novembre 2011  sur les Droits réels.   


            Le premier principe ayant toujours existé est que du vivant des parents ceux-ci peuvent faire donation entre vifs à titre gratuit et irrévocable de leur patrimoine à toutes personnes, héritières ou non. Or les règles régissant la donation en général n’ont été codifiées que depuis la promulgation du Dahir du  22 novembre 2011 sur les Droits réels. En effet, jusqu’à cette date les règles résultaient des interprétations des jurisconsultes musulmans et sont demeurées souvent obscures pour la majorité. De plus, les conditions de validité et le principe de révocabilité ou d’irrévocabilité restaient  flous et n’offraient aucune garantie de sécurité face aux risques des actions en nullité déposées devant les tribunaux par les héritiers putatifs arguant la spoliation.


            Le deuxième principe juridique pouvant être présenté aux parents soucieux d’agir dans le sens des intérêts de  leur fille, est celui du démembrement du droit de propriété, qui consiste à dissocier l’usufruit  de la nue- propriété.  L’attribution à la fille de la nue-propriété  d’un bien immobilier par voie de donation ou d’acquisition , en créant un usufruit au profit des parents par voie de rétention ou par acquisition permet l’exclusion de ce bien de l’actif sur lequel portera la dévolution successorale, car l’usufruit étant un droit viager il disparaît au décès du bénéficiaire et est automatiquement dévolu au bénéficiaire de la nue-propriété


            Les avantages de  la codification des dispositions réglementant la donation sont inestimables car ils  autorisent une plus large diffusion des avantages de la donation.             A cet effet l’une des conditions de validité est le principe de dessaisissement, en droit musulman une donation valable implique que le donateur ne soit plus en possession du bien et que la jouissance soit effective et réelle au profit du donateur. Mais l’on sait tous que cette condition fait très souvent obstacle. Elle fait l’objet d’interprétations contradictoires mettant un frein à la donation de la nue-propriété en faveur de la fille.   


Toutefois beaucoup espèrent que ces démarches restent secrètes, pour éviter toutes justifications de leur vivant avec les héritiers…Caricature: Jeune Afrique            

mercredi 8 juillet 2015

Manifestation mondaine des libertés



                             

Rendez-vous à 22h30, place des Nations unies de Casablanca. Le sit-in des libertés débute et les premiers slogans se font entendre. « Porter une jupe n’est pas un crime », « égalité homme/femme »… Si lors de la manifestation des jupes, plusieurs femmes portaient des robes pour soutenir les deux jeunes filles d’Inezgane, lundi 6 juillet les femmes portaient robes signées, talons hauts et maquillage. Loin de la tenue idéale pour une manifestation… qui de surcroît pourrait mal tournée. Étaient-ils sûrs que tout se passerait bien ? Ou attendaient-ils les caméras et les photographes, affublés de la sorte ? Célébrités de la scène médiatique marocaine offraient interviews aux journalistes et photos avec les fans. Au bout de seulement 45 minutes, la manifestation s’est achevée, sur ordre de quelques participants, se distinguant en tant qu’organisateurs, un poste auquel personne ne les a nommés. Un groupe se rassemble alors en scandant les mots « Dieu, la Patrie, le Roi ». S’ils font beaucoup de bruit, ils ne revendiquent cependant rien. Voyant ces jeunes gens, le gratin casablancais a préféré fuir rapidement de peur d’être mélangé ou amalgamé… 

Source photo: Page Facebook "journée nationale pour défendre nos libertés".

mardi 22 juillet 2014

J'ai testé pour vous ... le système judiciaire marocain

  

Généralement on pense que les tribunaux marocains prennent un temps fou à régler des affaires même mineures. Rares sont ceux qui communiquent dessus et on garde encore une image plutôt négative sur le sujet. J'ai donc pris mon courage à deux mains et décidé -non pas décidé ça m'est tombé dessus- de tester les tribunaux marocains.


Tout commence le troisième jour de Ramadan où mon portable est volé. Suite à une plainte déposée au commissariat le plus proche, je pensais que c'en était fini : il faut l'avouer, la plupart de nos plaintes pourrissaient jusqu'ici au fond d'un placard d'archives sans jamais en ressortir! En tout cas c'est ce que je pensais.


15 jours plus tard, l'appel d'un officier me surprend en m'apprenant que le voleur a été arrêté et que je suis attendue pour le reconnaître. Au commissariat je me retrouve face à lui ( pas top top la protection des témoins) et confirme son identité. Je signe un papier et là autre surprise : je suis convoquée au tribunal deux jours après.


Devant le tribunal, les estafettes de police pleines de jeunes délinquants débarquaient les unes après les autres avec un laps de temps d'une demi-heure en moyenne. Le constat est flagrant et alarmant, cette semaine, c'était une soixantaine de jeunes entre 15 et 25 ans qui en étaient déjà à leurs premiers délits.


Chez le procureur, seuls les témoins entrent. Ils parcourent un long couloir rempli d'archives pour arriver dans un autre couloir avec des bancs en bois. A quelques mètres d'eux... les accusés qui se penchent pour voir si leur détracteur est là.


Les groupes d'accusés sont appelés selon leur arrondissement, et montent à l'étage suivi des témoins. A l'étage un petit couloir mène au bureau du procureur. Ce petit couloir est plein de jeunes délinquants de l'arrondissement concerné et les témoins passent un à un devant eux. (oui oui ils ont eu le temps d'enregistrer nos têtes!)


Dans le bureau, l'accusé est placé à un bout de la pièce et le témoin à l'autre, séparés par un officier. Le procureur demande la version de chacun et le témoin doit décider si oui ou non il retire sa plainte. Si NON, l'accusé met ses empreintes sur la plainte et est enfermé de suite dans la cellule du tribunal en attendant le jugement.



   

Autre surprise de la journée, le jugement a lieu quelques minutes plus tard. La salle est telle qu'on la voit dans les films : en bois massif, espacée, avec des sièges pour chaque partie (juge, accusés, avocats, témoins et accompagnateurs).

Entrées des accusés et des avocats. A l'arrivée du juge, tout le monde se lève puis se rassoit. Le groupe des accusés ayant un avocat passe en premier. C'est le tour ensuite de ceux qui n'en ont pas. Le témoin doit se lever lorsque la personne qu'il accuse est appelée à la barre. Debout à 2 mètres de l'accusé il doit donner son nom et expliquer comment a eu lieu le délit. Cela dure moins de 2 minutes et le jugement tombe.


En conclusion, maintenant les tribunaux marocains sont plus efficaces et plus rapides qu'avant, contrairement à l'idée erronée que j'en avais. 

Une note particulièrement positive pour l'officier qui a prit en charge ma plainte : il m'a expliqué étape par étape ce que je ferai au tribunal, par quoi je passerai et avec qui je parlerai, un effort de communication est bel et bien présent.
Deux lacunes cependant : la première au niveau du surplus de face à face accusé/témoin et la deuxième, et pas des moindres, personne n'a vérifié mon identité à aucun moment...


jeudi 19 juin 2014

Allez vous faire foot!


Je fais partie de celles qui ne comprennent pas un mot au foot. A la question que préfèrent les hommes, j'ai bien envie de répondre que je m'en fiche, mais si les médias s'en mêlent...
 
 
La coupe du monde entraîne la majorité et fait grincer des dents : je me suis moi même retrouvée à essayer des hashflags sur twitter pour ne pas être déphasée de cette nouveauté.


 
Nos mecs disparaissent pendant cette période et les ruelles de Casablanca sont vides. A y penser à deux fois cela nous évitera les pss pss et autres compliments marocains... quel bonheur!
Enfin pas pour celles qui se tapent le stéréotype du mâle grand amateur de foot, facilement distinguable par son pantalon de sport et ses babouches (aussi beau soit-il au bureau, aussi lourd devient-il dans la vie!).
 
Profil? Il ne tient à rater aucun match, passe la plupart de son temps avec ses potes et s'attend à trouver sa copine un sourire aux lèvres lorsque tous les buts l'ont énervés. Son humeur dépend du jeu et ses bras sont très musclés : mener une vingtaine de cigarettes et quelques bières vers sa bouche pendant 1h30... CA C'EST DU SPORT!



Si sa compagne prend la peine de s'énerver, alors il fait un énorme effort et tente de lui faire apprendre les noms des joueurs!
"C'est Zlatan lui?" (... Vu les yeux haineux qui m'observent en ce moment, j'aurais préféré confondre l'Iran et l'Irak.)
 
 
 
Je suis déçue du manque d'inventivité de nos médias (et de nos mecs) qui ne parlent que dans ce sens. Madmoizelle a fait un effort et écrit un article non pas sur le match, mais sur la bouffe de deux équipes.

http://www.madmoizelle.com/coupe-du-monde-recettes-espagne-tapas-262618

Excellent non?... mais ça c'est pas aussi un truc que les mecs adorent? Vous voulez qu'en plus de subir la coupe du monde nous cuisinions en fonction des équipes qui jouent?
 
Les mecs, allez vous faire foot!
http://iletaitunepub.fr/2014/06/12/va-te-faire-foot-nouvelle-campagne-marc-dorcel-x-mademoiselle-scarlett/


jeudi 5 juin 2014

Crackopolis, le guide d’un fumeur de crack

 

 

Crackopolis est un documentaire sonore en 15 épisodes dans lequel Charles livre un témoignage brut sur son monde, celui du crack à Paris. Ses lieux, ses codes, ses acteurs. Un guide de survie le temps que ça dure...


dimanche 25 mai 2014

Il fait chaud à l'ONCF : un train incendié

12H05 le 25 mai 2014: le train à destination de Casa Port démarre, sans retard... eh oui ça lui arrive d'être à l'heure!

12h10 : sous le pont menant à Avicenne, près de la faculté d'économie le train ralentit puis s'arrête.
Dans l'un des wagons, en fin de train, un jeune homme voit au-dessus de sa tête, tomber des petites étincelles du plafond.

En quelques minutes, un bruit crépitement se fait entendre dans le wagon. Les voyageurs tentent d'ouvrir la porte, chose impossible sans électricité. La fumée apparaît et son odeur éveille les soupçons vis-à-vis de la gravité de la situation.

"L3AFIA" crie l'un des voyageurs et cela suffit à faire paniquer les autres qui ouvrent la porte de force.
"Sortez, calmez-vous, ne poussez pas".
Tout le monde voudrait sortir en premier mais tout le monde voudrait emmener ses bagages avec lui.

Les gens courent sans savoir où ils vont. Des petits garçons, se trouvant en haut sur le pont leur crient de passer par ci ou par là.
Personne n'ose monter, la majorité ne reconnaissant pas même le lieu, car d'en bas, les immeubles se ressemblent tous!

Le début d'incendie, touche la verdure environnante qui s'enflamme aussitôt. Les pompiers arrivent, le vent éparpille légèrement les flammes.
En une trentaine de minutes ces dernières sont contrôlées. La fumée se dissipe et laisse apparaître le wagon brûlé. Le trou ne dépasse pas les 2 mètres mais a fait beaucoup de dégâts.

"En Syrie les gens s’entretuent et ici on cri pour un "petit" cour-circuit", me confie un agent de la sécurité... cherchez le rapport!

De deux choses l'une: heureusement que la caserne des pompiers n'était pas loin et qu'il s'agissait d'une heure creuse où le train n'est pas bondé!